vendredi 31 janvier 2014

Temps difficiles pour les mystiques

Nous autres, laïcs, nous pourrions nous imaginer naïvement que la vie monastique est un long fleuve tranquille, composée de séries de messes, prières, adorations, contemplations, méditations. On en serait presque à envier cette vie de calme, de paix et de silence que nous n’avons pas à l’extérieur. Il suffit de consulter l’historique du Carmel sur le web pour comprendre que les pouvoirs politiques de toutes les époques tolèrent difficilement les religieux contemplatifs qui ne servent pas leurs propres intérêts, mais qui sont indépendants en n’obéissant qu’à Dieu. Ceux qui en font de la surenchère en matière de pauvreté ne sont aussi guère supportés. Les mystiques qui n’écoutent que leur voix intérieure divine peuvent sembler particulièrement impertinents ou subversifs en ne se pliant peu aux règles et convenances du Monde.
En étudiant attentivement la vie monastique de Sainte Thérèse, on s’aperçoit qu’elle était en conflit presque permanent avec les religieux qui contestent son autorité que lui confère sa fonction, et surtout ceux qui ne partagent pas son mode de spiritualité mystique, ou qui contestent la réforme du Carmel qu’elle propose.
Elle ne dispose pas librement de son temps pour écrire ses œuvres car elle doit assumer les diverses charges de sa fonction. Alors elle travaille à ses écrits en soirée et la nuit.

Bref la croix se porte à l’intérieur des monastères comme à l’extérieur.

jeudi 30 janvier 2014

L'exemple des grands Saints

Il y a quelques temps, je ne voyais pas trop pourquoi il fallait s’intéresser aux saints. Les Saintes Écritures nous parlent de Dieu le père, de Jésus Christ son fils, de l’Esprit Saint, de Marie la sainte-Vierge. Il y a aussi les nombreux justes de l’ancien testament et les personnes célèbres du nouveau testament. Cela fait déjà pas mal de monde dont on entend régulièrement les actions et paroles rapportées lors des messes.
Cependant, je suis devenue une passionnée des textes anciens qui racontent la conversion et/ou la vie spirituelle des grands saints.
Les grands saints sont des personnes probablement initialement très ordinaires, mais qui expérimentent un jour, une métamorphose complète de leur personne. Leur histoire est fascinante.
Leurs exemples nous extirpent de notre auto-centrage sur notre petit Moi, pour nous inviter à une ouverture universelle, à toute l’humanité, et aussi au réel invisible, avec une capacité de percevoir la beauté du monde et s’en émerveiller.
Plus on découvre ces petits faits anodins qui les transforment, plus on partage avec eux leurs feux intérieurs, plus ils nous pénètrent intérieurement, plus on devient un peu eux-mêmes. Ces petits faits anodins, nous les rencontrons nous aussi dans notre vie très ordinaire. Potentiellement ils sont capables de nous transformer à notre tour.

Bien sûr, c’est le Christ qu’il faudrait suivre, mais c’est parfois bien difficile pour les petits saints très ordinaires que nous sommes.
Alors comprendre la longue marche vers la sainteté de personnes qui nous semble beaucoup plus proches de par leurs imperfections bien humaines que nous partageons, nous aide à progresser de façon mesurée et à notre rythme.

mercredi 29 janvier 2014

Mais où est donc passé Dieu ?

Sainte Thérèse nous offre la représentation de l’âme. Elle est  comme un château intérieur constitué d’une série de sept demeures emboitées en couches concentriques. Quand on n’a pas de vie spirituelle, on vit seulement à la surface de la couche extérieure, vivant dans l'illusion sans pénétrer dans la vérité. La vie spirituelle est une progression infinie vers le centre du château intérieur. Plus on pénètre son intériorité, plus on traverse les demeures successives, plus on s’approche, plus on appréhende cette réalité divine. Dieu se trouve au cœur de la septième et dernière demeure.
La question cruciale qui se pose encore de nos jours et qui préoccupait Ste Thérèse était la suivante : Dieu est-il toujours au cœur de l’âme pour tout être humain, ou seulement de temps en temps, ou seulement lorsqu’il se donne par la grâce ?
À l’époque, un Père avait donné la réponse suivante qui a satisfaisait pleinement la sainte : Dieu y est en permanence.

Donc on ne peut pas prétexter qu’on n’a pas reçu la grâce pour se détourner de la vie spirituelle. Il appartient juste à chacun de creuser petit à petit au cœur du château intérieur, pour mettre à nu progressivement quelques pépites de la grâce divine. Dieu a bien l’infini patience de nous attendre au plus profond de notre âme.

mardi 28 janvier 2014

Précocité

Thérèse n'était encore qu'une petite fille, lorsqu'elle entraina son frère aîné en dehors de la demeure familiale pour aller à la rencontre des Maures. Elle voulait que ces derniers les fassent passer de vie à trépas, car disait-elle :
"Je veux voir Dieu. Et pour voir Dieu, il faut mourir".
Heureusement cette folle escapade enfantine fut interceptée par un oncle. Jamais ce désir de "voir Dieu" ne quittera la Sainte. 
Finalement, Thérèse reprendra sa quête bien plus calmement, de manière beaucoup moins expéditive. Elle lira beaucoup, elle agira, réformera l'ordre du Carmel est laissera une œuvre exceptionnelle et considérable à l'humanité.

Une telle précocité en matière religieuse est-elle encore possible de nos jours ? Ne serions nous pas pour la plupart des attardés de la soif de Dieu ? Nous avons plutôt besoin d'avoir plus ou moins longuement vécu, expérimenté la vie pour se demander s'il n'existerait pas quelque chose ou quelqu'un de vrai, d'absolu, et d'éternel, et surtout une vrai Être de relations et qui aime.
Pourquoi se pose t'on la question de Dieu, un jour ? C'est un mystère !

lundi 27 janvier 2014

La quête infinie et insatiable

C’était dans les années 1930. Un petit groupe de personnes constitué principalement de professeurs de l’enseignement secondaire et supérieur sont allés dans un couvent carmélitaire pour solliciter une formation à l’oraison. Après bien des hésitations, finalement les carmélites ont accepté à organiser des conférences en ville.

-« Il s’agissait moins de satisfaire une curiosité intellectuelle ou désir d’information, bien légitime d’ailleurs sur un sujet d’actualité, que d’éclairer une expérience spirituelle qui prenait conscience d’elle même et aspirait à pénétrer plus profondément en Dieu. »
-« Le petit groupe manifestait un goût marqué pour un enseignement pratique et vivant, pour un témoignage simple et authentique d’une doctrine vécue. »
-« La soif de Dieu n’est point l’apanage de la culture et Dieu l’allume heureusement en bien des âmes à notre époque et qu’il suffit de l’avoir reçue pour saisir le langage des maîtres qui nous ont tracé les sentiers escarpés qui conduisent à la source d’eau vive.

Voici l’esprit de recherche que je voudrais voir animer ce nouveau blog.

Emylia



Citations tirées de l’Avant Propos de Je veux voir Dieu, du Père Marie Eugène de Jésus.

dimanche 26 janvier 2014

Nouvelle étape

Voici mon second blog. Celui-ci est bien plus « perso » que le blog des chrétiens anonymes qui est de nature plus communautaire. Je vais pouvoir y poster des réflexions et méditations, quand je le veux, et sans que qui que ce soit me demande de les écrire comme-ci ou comme-ça. Je suis donc totalement libre. J’ai terminé le témoignage de ma conversion. Je n’ai plus besoin de m’interroger autant sur ce qui m’est arrivée. Je sais que j’ai la foi.

Je peux maintenant me tourner vers cette présence mystérieuse qui est au delà de moi-même et en moi aussi, qui me fait vivre, qui est la source de toute joie, et que l’on appelle Dieu. Je veux me lancer dans une enquête impossible, obsédante et fascinante sur le cheminement et la croissance spirituelle chrétienne. Est-ce que ça existe vraiment ? Où et comment commercer la recherche ? et Quel intérêt ?

Le hasard de mes études livresques m’ont fait croiser récemment et contre toute attente Sainte Thérèse de Jésus, d’Avila dont on va fêter le 500 ième anniversaire de la naissance l’année prochaine en 2015. À lire quelques écrits de la Sainte, je m’en sens incroyablement proche. Ses textes sont d’une simplicité et d’une clarté exceptionnelles qui n’ont rien à envier à certains textes contemporains. Les écrits de la Sainte conviennent parfaitement à une âme égarée du XXI siècle. Me voilà déjà repartie avec la compagnie du Père Marie-Eugène de Jésus dans son livre « Je veux voir Dieu ». J’espère qu’il y aura de nombreux autres écrivains à découvrir. Mon itinéraire risque d’être encore long, constitué de beaucoup d’étapes successives qui vont me mener je ne sais où. Peu importe, je suis ouverte à tout, y compris à l’inattendu.

Un dernier mot : pourquoi appeler ce blog « Le Château intérieur » ? Parce que je voulais rendre un hommage à Sainte Thérèse en faisant référence à son œuvre la plus magistrale et la plus accomplie : « Château intérieur ou le livre des demeures ».